Haut-lieu de la Mémoire, la forteresse de Mimoyecques est également un haut-lieu de Nature !

Le front de taille à l’entrée, les souterrains, le coteau qui se développe au-dessus accueillent divers patrimoines naturels d’importance pour la région Hauts-de-France. Loin d’être cloisonnés, ils interagissent entre eux. Ils sont liés à l’histoire et la vie de la forteresse et réciproquement.

Maison d’hiver pour chauves-souris

Les chauves-souris jouent un rôle important dans nos territoires : mammifères insectivores, elles peuvent en manger jusqu’à 3000 par jour. En hiver, faute de nourriture, elle hibernent : elles se réfugient dans des espaces fermés, tempérés, humides, pour dormir en attendant la belle saison.

La forteresse de Mimoyecques est l’un de ces sites. La température y est constante (environ 10°), l’hydrométrie également (plus de 70 %). Fermée au public entre mi-octobre et mi-avril, elle offre le calme dont les chauves-souris ont besoin pour hiberner paisiblement sur leurs réserves accumulées lors des beaux jours. Elle accueille ainsi chaque hiver environ 350 individus, et jusqu’à 11 espèces (sur les 22 connues en région). Trois d’entre elles sont particulièrement remarquables : le Murin des marais, le Grand Rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées.

A ce titre elle est un site hivernal majeur dans la région des Hauts-de-France pour la protection de ces animaux très fragiles et menacés.

En effet, au fil des saisons, les chauves-souris sont très mobiles et occupent diverses zones sur un territoire : en hiver des gîtes clos et calmes, au printemps et en été des espaces chauds et tranquilles (greniers par exemple) proches d’une zone propice à la chasse où la nourriture est abondante pour élever leurs petits (prairies, haies, zones humides, boisements), à l’automne des espaces ouverts pour se reproduire, etc. La disparition progressive de ces espaces et des insectes constituent de vrais menaces pour elles. A l’inverse leur présence sur un territoire, comme celui du Boulonnais, est gage d’une diversité paysagère et écologique à préserver, propice à leur développement et celui de chaque être vivant.

Une page de l’histoire géologique régionale

La géologie de notre région permet d’appréhender plus de 400 millions d’années de l’histoire de notre planète. Pour la découvrir, il faut arpenter différents sites répartis sur tout le territoire : sites littoraux, carrières et anciennes carrières, points de vue, sources, talus, etc. La forteresse de Mimoyecques en est un exemple. Creusée dans le plateau crayeux qui débute dans le Cambrésis et se termine au Cap Blanc-Nez, elle permet une lecture très pédagogique des roches qui le composent : craies, silex, marnes et qui se sont formées il y a 90 millions d’années alors que notre région (et une bonne partie de l’Europe) se trouvait sous la mer.

Ce contexte géologique est reconnu comme patrimoine géologique régional : l’étude des roches présentes à Mimoyecques et dans d’autres sites régionaux et internationaux permet aux scientifiques de mieux comprendre cette mer, appelée « mer de la craie », et son histoire. 

Il a également joué un rôle dans l’histoire de Mimoyecques et est encore un facteur déterminant pour l’installation des chauves-souris sur le site. La craie, roche poreuse permet le transit des eaux de pluies tombées sur le coteau en profondeur. Cette caractéristique permet de « tamponner » la température et hygrométrie du site.

Le coteau un milieu riche de vie

En surface, au-dessus de la forteresse, le coteau était occupé par des champs. L’intensité des bombardements pour détruire la forteresse en 1944 a empêché la reprise de cette activité à la fin de la guerre. Petit à petit un retour à la nature s’est opéré. Aujourd’hui le coteau est occupé par une mosaïque de milieux naturels liés à la craie qui constitue le sous-sol : boisements, fourrés et pelouses. En recul dans la région des Hauts-de-France, ces milieux ouverts et semi-ouverts sont d’une grande richesse écologique et paysagère témoin de pratiques agro-pastorales anciennes et d’un paysage d’antan.

En effet, bien que relativement peu épais et pouvant s’assécher rapidement par le vent et le soleil, le sol est propice à une flore exceptionnelle et rare qui compte plusieurs espèces d’orchidées mais aussi de nombreuses plantes à fleurs aux multiples intérêts gustatifs ou médicinaux (thym, origan, aubépine, sureau) et qui regorgent de ressources nectarifères. Un important cortège d’insectes peut donc s’épanouir sur ce coteau. Il y trouve les conditions nécessaires à son existence : fleurs à butiner, chaleur, sol nu pour nicher, abris etc. Il en est de même pour les oiseaux qui apprécient la physionomie du site : des zones herbacées ouvertes ponctuées de quelques fourrés, de belles lisières et quelques boisements riches en nourritures (baies, insectes). Dès le printemps, le coteau s’anime : abeilles sauvages, papillons, criquets, sauterelles, syrphes, passereaux, lézards, etc.

Un patrimoine protégé qui reste accessible

Depuis 2008, la forteresse de Mimoyecques est propriété du Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France, association qui préserve la nature et les paysages de notre région. Rejoignez-nous sur www.cen-hautsdefrance.org

La richesse naturelle de ce site est également garantie grâce au classement des souterrains et de l’entrée de la forteresse comme réserve naturelle régionale, instauré en 2012 par la Région des Hauts-de-France. Ce classement constitue une reconnaissance de l’importance de la forteresse pour notre environnement naturel régional autant qu’une protection.

La collaboration étroite des équipes du Conservatoire avec les services de la Région, de la Communauté de communes de La terre des 2 caps et de la Commune de Landrethun-le-Nord assure un équilibre entre devoir de mémoire et conservation au sein de la forteresse.

Propriété privée, le coteau ne se découvre que dans le cadre de visites guidées, organisées par la communauté de communes de La terre des 2 caps ou le Conservatoire.

Rejoignez le Conservatoire d'espaces naturels !